Jo M. Sekimonyo est économiste politique, théoricien, militant des droits humains et philosophe social, qui se présente comme le « Marchand d’idées ». Il oblige l’économie à se mesurer au réel. Congolais de naissance, « fermenté » en Amérique et « embouteillé » pour le monde entier, il est connu pour percer les mythes rassurants du discours économique et les remplacer par des paradigmes et modèles conceptuels éprouvés par l’expérience contemporaine.
Sa contribution phare, l’Éthosisme, conteste les orthodoxies jumelles du capitalisme et du socialisme. Requalifiant l’entreprise du XXIᵉ siècle en moteur de capacités, il soutient que les prix relatifs reflètent davantage la qualité des ressources et du savoir-faire organisationnel que le nombre d’heures travaillées, faisant du travail non pas un centre de coûts mais un bénéficiaire principal de la création de valeur. Il affirme en outre que de nombreux cycles économiques contemporains découlent de manœuvres de politiques menées dans les économies avancées pour gérer la sur-efficience, ce qui reconfigure notre lecture des booms, des crises et des plans de sauvetage.
Sur le comportement, Sekimonyo rejette le modèle classique des préférences et de l’utilité. Les individus sont, selon lui, des minimiseurs rationnels, agissant plus souvent pour éviter la perte ou l’inconfort que pour maximiser un gain théorique. Son modèle de Propension à agir (modèle de seuil) soutient que l’action survient lorsque besoin (subsistance), sentiment (identité/émotion) et proximité (accessibilité/atteignabilité) se combinent pour briser l’indifférence, ce qui explique à la fois l’inaction tenace malgré les incitations et l’activation soudaine par de petits déclencheurs. Ce cadre déplace l’analyse des courbes d’utilité abstraites vers les capacités, les contextes et les seuils, offrant une base plus réaliste pour des politiques, des produits et des interventions qui changent effectivement les comportements.
Sekimonyo soutient que l’ordre de la dette mondiale repose sur des récits trompeurs et des instruments inéquitables. Il propose une remise à plat pragmatique qui commence par reconnaître l’ampleur des passifs mondiaux, évalués à des centaines de billions de dollars et largement accumulés par les économies avancées qui refusent aux autres une latitude budgétaire comparable, puis par le rejet des annulations caritatives et enfin par l’injection de nouveaux crédits soit sous la forme d’une dotation nationale de 1 000 milliards de dollars pour chaque pays soit d’un versement universel de 10 000 dollars par personne. Même si des fuites restent inévitables, il estime que l’effet net serait une hausse du niveau de vie, une réduction de l’extrême pauvreté, un affaiblissement des facteurs qui poussent aux migrations irrégulières et une accélération des progrès climatiques grâce au financement d’infrastructures résilientes, d’énergies propres et d’actions d’adaptation, autant d’étapes vers un avenir plus juste et plus durable.
Sa réponse aux angles morts de la démocratie est l’Ideacy : un système où les idées priment sur les identités, dans lequel les politiques se concurrencent en public, sont expérimentées avant montée en charge, évaluées au grand jour, puis abandonnées si les résultats ne justifient pas leur reconduction, de sorte que la preuve, et non l’allégeance, décide de ce qui perdure.
Au-delà des livres et des essais, il anime des ateliers à travers le Sud global, transformant la théorie en débat, le débat en conception et la conception en pratique. Il a fondé En Charge, plateforme indépendante et non partisane dédiée à une participation civique exigeante de la jeunesse, ainsi que l’Université Lumumba, une institution à mission, tournée vers la technologie, qui s’emploie à démanteler les barrières invisibles entre riches et pauvres, entre villes et campagnes, par une pédagogie audacieuse et un accès équitable—afin que justice et équité deviennent des réalités vécues. En RDC, son échec à figurer sur le bulletin de la présidentielle 2023 a renforcé sa détermination à promouvoir des réformes constitutionnelles élargissant la participation et ancrant la justice sociale et économique dans le droit.
Ses travaux, traduits en plus de dix langues, affrontent la pauvreté, la dette mondiale et l’égalitarisme performatif, tout en érigeant la créativité humaine en moteur décisif du développement.
"Le socialisme et le communisme ont échoué, mais maintenant, le capitalisme est en train de nous décevoir."
Jo M. Sekimonyo

